Isaburo Fukaya action

Présentation et historique de la moxibustion japonaise

 

  • Origines & définition

Depuis la nuit des temps l’homme a utilisé le pouvoir du feu pour améliorer sa santé, et pas seulement pour cuire des aliments ou se réchauffer. A cet effet, il utilisait certaines plantes qui avaient des capacités particulières d’allumage, thermiques et des effets variés sur le corps et l’esprit. L’armoise est la plus fameuse d’entre elle, et c’est cette plante qui sert pour la moxibustion.

Si on définit la moxibustion comme l’application de feuilles d’armoise séchées que l’on fait brûler sur des points ou zones particulières du corps, dans une intention de corriger les anormalités et de favoriser la santé, alors il est généralement admis que l’origine est chinoise, et date d’environ 2500 ans. 

Les plus anciennes mentions écrites sont de Meng Zi (confucianiste) et Zhuang Zi (taoïste) au 4ème siècle avant J-C.

Les textes médicaux les plus anciens sur la moxibustion ont été découverts en 1973 dans les tombes de Mawangdui en Chine. Il s’agit de deux livres de soie, écrits entre 300 et 200 avant J-C, dédiés à la moxibustion :

« Le classique de moxibustion des 11 vaisseaux Yin et Yang »

« Le classique de moxibustion des 11 vaisseaux du pied et du bras »

La moxibustion a connu un grand développement durant la dynastie Ming (1368 – 1644 après JC), et est souvent considérée comme la soeur de l’acupuncture. 

Par ailleurs, que ce soit dans le terme chinois Zhenjiu ou japonais Shinkyu鍼灸, acupuncture et moxibustion font partie d’un ensemble de méthodes conjointes, en tant que branche principale des médecines traditionnelles japonaise et chinoise.

  • Développement au Japon

Le terme OKYU お灸 signifie Moxibustion, (ou KYU quand il s’ajoute comme suffixe).

La moxibustion arrive au Japon en 562 par le médecin bouddhiste Chiso qui apportera 164 livres de médecine chinoise dans l’archipel nippon. 

Elle acquiert au Japon un haut degré de raffinement et de différenciation dans son application. 

C’est surtout la période Edo (1602-1868) qui marque le fort développement et l’expansion  de l’OKYU au Japon, au point que le médecin naturaliste allemand Engelbert Kaempfer rapportait dans « Moxa en Chine et au Japon »  que tous les japonais avaient des signes de brulures au moxa. 

Depuis la période EDO, en moxibustion japonaise , des grands maitres se sont illustrés. 

Ils ont contribué de façon importante le développement de cet art, par la mise en oeuvre de nouvelles règles et principes de traitement, des développements techniques, de stratégies,….

Ceci a influencé la pratique de la moxibustion jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’un art ancien mais qui évolue et se construit sur les apports de ces maitres sans perdre ses racines.  

Parmi les grands maitres illustres citons particulièrement: 

    • Koubou Taishi (774- 835) : Prêtre bouddhiste, il est le fondateur du site de Koyasan et fut le 1er à répandre l’OKYU.
      Il a contribué de façon splendide à la culture japonaise, et nous avons peu de détails sur sa technique (à priori DANOKYU, méthode directe avec grands cônes) 

koubou taishi
  • Goto KONZAN (1659-1733) : Médecin érudit et maitre du traitement de la période Edo, sa contribution à la propagation de l’OKYU est immense. 
    On a peu d’écrits à son sujet. 
Il a développé la théorie de stagnation du Qi et la « méthode de moxibustion des 5 points »
    
Il a influencé les grands maitres du 20è siècle par ses méthodes de palpation.
     
Goto Gonzan
  • Takeshi SAWADA (1877 – 1938) : Un des maitres les plus importants, de la période Meiji, c’est un érudit qui laissa un seul document codé. 
Il a guéri l’empereur du Japon et son traitement a acquis une renommée nationale : « Méthode thérapeutique ultime », la thérapie TAIKYOKU, une méthode de traitement global du corps. 
Selon lui, la cause des maladies vient d’un déséquilibre dans la circulation du sang. 
Il découvrit également la position alternative de certains points d’acupuncture.
SAWADA
  • Isaburo FUKAYA (1901-1974) :

    C’est le maitre moderne le plus renommé.
    Il s’est lui-même guéri de la tuberculose, et utilisait exclusivement la moxibustion (et un peu de ventouses).
    
C’était un érudit et un grand chercheur, extrêmement prolifique, qui a développé une quantité immense de protocoles, et des stratégies complètes de traitement.
    
Il est l’inventeur du Bambou de Fukaya, dont l’action principale est la diminution de la douleur, avec d’autres aspects améliorant l’application et l’efficacité de l’OKYU.
    
Les développements techniques qu’il a apportés sont considérables.
    
Fukaya Sensei a défini les 10 règles pour une application efficace de l’OKYU
    .
Actuellement son fils Hideo SHINMA, transmet et diffuse le savoir et les écrits de son père, et est un expert dans la fabrication du bambou de FUKAYA.
    Felip CAUDET est le seul maitre en dehors du Japon reconnu dans la lignée de FUKAYA et habilité à enseigner le style de FUKAYA (FUKAYAKYU).
    Il enseigne dans le monde, et a également développé le style KINSEIKYU, qu’on pourrait traduire par  » correction posturale par la moxibustion »

koubou taishi
  • Shimetaro HARA (1883-1991) :
    Médecin et moxibusteur, il a été le japonais le plus âgé, et a conduit de nombreuses recherches scientifiques sur la moxibustion.
    
Il démontra les effets de la moxibustion sur la chimie du sang (anticorps, globules blancs et rouges), et était un adepte du traitement du point 36E pour la longévité.
    
Il fut l’instigateur principal de la recherche scientifique sur les effets de la moxibustion.
SHIMETARO HARA